Chaque 3 décembre, la Journée internationale des personnes handicapées nous invite à faire une pause et à regarder notre société autrement. C’est un moment pour parler de droits, de dignité, d’accessibilité, mais aussi de participation citoyenne. Au Centre d’action bénévole de Montréal (CABM), nous croyons que l’inclusion passe aussi par la possibilité, pour les personnes en situation de handicap, de prendre pleinement part à la vie bénévole.
Des personnes d’abord, pas des « besoins »
On parle souvent des personnes en situation de handicap à travers leurs besoins de soutien ou de services. Pourtant, elles sont aussi des proches aidant·e·s, des collègues, des artistes, des parents, des leaders communautaires… et des personnes bénévoles.
Les voir seulement comme des « bénéficiaires » invisibilise une grande partie de leur apport à la communauté. Reconnaître leur pleine citoyenneté, c’est aussi reconnaître qu’elles ont, comme tout le monde, le droit de contribuer, de choisir comment s’impliquer et d’influencer la façon dont les services sont pensés et organisés.
Le bénévolat comme espace de participation et de pouvoir d’agir
Le bénévolat peut devenir un puissant levier d’inclusion lorsque les conditions sont réunies.
Il peut permettre, par exemple :
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de briser l’isolement et de tisser des liens significatifs
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de mettre en valeur des compétences qui ne sont pas toujours reconnues sur le marché du travail
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de participer aux décisions et à la vie associative d’un organisme
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d’apporter un regard direct sur les réalités vécues par les personnes en situation de handicap.
Mais ce potentiel ne se réalise pas automatiquement. Sans réflexion sur l’accessibilité et les rapports de pouvoir, on risque de reproduire les mêmes exclusions à l’intérieur même des équipes bénévoles.
L’accessibilité, ce n’est pas seulement une rampe d’accès
Quand on pense accessibilité, on imagine souvent les aménagements physiques. C’est essentiel, mais ce n’est qu’une partie de l’équation.
Pour que des personnes en situation de handicap puissent s’impliquer bénévolement, il faut aussi réfléchir à :
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la clarté des informations (langage simple, formats accessibles, sites web et formulaires utilisables)
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les horaires et le rythme (flexibilité, possibilité de pauses, adaptation à la fatigue ou aux rendez-vous médicaux)
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le transport et l’environnement (lieux proches des transports collectifs, consignes claires, repères visuels ou sonores)
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les outils de communication (sous-titrage, documents numériques accessibles, adaptation pour aides techniques)
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l’attitude des équipes (accueil bienveillant, absence de paternalisme, ouverture à la co-construction des tâches).
Rendre un rôle bénévole plus accessible profite souvent à tout le monde, pas seulement aux personnes en situation de handicap.
Se poser les bonnes questions comme organismes)
Pour les organismes qui accueillent des bénévoles, la Journée du 3 décembre est une belle occasion de se poser quelques questions simples :
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Nos offres de bénévolat sont-elles rédigées de façon inclusive et compréhensible pour toutes les personnes?
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Est-ce qu’on précise clairement les tâches, les contraintes et les possibilités d’adaptation?
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Est-ce qu’on prévoit un moment pour discuter des besoins particuliers, sans jugement?
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Est-ce qu’on inclut les personnes en situation de handicap dans la réflexion sur nos activités, nos comités, notre gouvernance?
L’objectif n’est pas d’être « parfait » du jour au lendemain, mais d’entrer dans une démarche d’amélioration continue, en écoutant les personnes concernées et en ajustant nos pratiques.
Ce que le CABM souhaite encourager
Au CABM, nous travaillons à la fois avec les personnes qui souhaitent faire du bénévolat et avec les organismes qui les accueillent. Dans une perspective d’accès et d’inclusion, cela signifie notamment :
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accompagner les personnes qui vivent différentes réalités, dont des limitations fonctionnelles, pour trouver un rôle bénévole adapté à leur situation
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soutenir les gestionnaires de bénévoles dans l’adaptation de leurs pratiques, de leurs formations et de leurs outils afin qu’ils soient plus inclusifs
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encourager les organismes à voir les personnes en situation de handicap non seulement comme des personnes à soutenir, mais aussi comme des personnes ressources, des partenaires et parfois des porte-paroles.
Notre rôle est de faciliter les rencontres, mais aussi de nourrir cette culture d’inclusion dans l’écosystème bénévole montréalais.
Construire ensemble une communauté plus accessible
La Journée internationale des personnes handicapées n’est pas une fin en soi. C’est un rappel, une invitation à construire ensemble une communauté où chaque personne peut :
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recevoir du soutien quand elle en a besoin
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contribuer à sa manière, selon ses forces et ses réalités
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voir ses droits, son expertise et sa voix reconnu
Au CABM, nous souhaitons que l’action bénévole soit un lieu où cette vision se concrétise, petit geste après petit geste.
Que vous soyez une personne en situation de handicap qui hésite à faire le premier pas, un·e gestionnaire de bénévoles qui souhaite rendre ses activités plus accessibles ou un organisme qui cherche à revoir ses pratiques, vous n’êtes pas seul·e. Ensemble, nous pouvons construire des environnements bénévoles plus ouverts, plus accueillants et plus justes pour toutes et tous.

